La poésie c'est quand les mots vont plus vite et plus juste que moi
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Le froid, des cheveux aux orteils,
Ne cesse de rire de mes peaux.
Il les conserve, par hasard.
Elles savent donc toujours attendre l’aube,
Se hérissent sur mes yeux sans faille,
Mes « je » à failles .
Je ris froid en ce matin trop jeune et
Me grille le lendemain avec application.
Quel obscur confort me jette aux mots-ires
Aux moi-s-ires de nuit, hasards menus des bois…
Des gouttes de matin trouent la nuit suante
Le soleil se cache sous de petites mers d’ombres
Je marche dans l’herbe mouillée
A genoux hurlés pour pouvoir
La vrille solaire au coeur du visage
Un oiseau parle
Pages de temps blanc
Pages de temps blanc
Le ciel fronce du pourpre de couchant
Jusqu’à la rage caduque des étoiles
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D'un revers de bleu
Le matin efface les étoiles
Les yeux brûlés se saoulent
De tous ces éclats en partance .
Quelques frissons d’aube plus tard
On ne les voit plus.
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Le ciel épluche lentement ses pelures grises et humides
Jusqu'au palimpseste de lumières voilant les squelettes des étoiles
Furieusement endormies
Le respir se dépêche ample avant midi
Pour esquiver la chaleur
Qui noierait les fêlures familières
Demain il se contractera
Avant que le froid n'épluche les mêmes,
Déjà si bien écorchées
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Mon bébé,
(Par une virgule protégé)
Dois-je t'emmener dans mes eaux sombres
Sans certitude aucune,
T'ouvrir les mondes des seuils et autres radicales perditions ,
Ou essayer l'espoir hypocrite ,
Le mensonge entendu ?
Je ne m'entends plus et les lettres chuchotées s’oublient sans chemin
Je regarde souvent, dans les douves du jour,
S'amonceler citrons, persil ,fraises et myrtilles .
La force du temps tient à la perte continue des rêves et l’irrationnel espoir de les ressusciter
Et si j'échoue sans cesse en éclats vieux et cauchemars antiques,
La beauté veille, là, au coin d’un réveil.
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Le hoquet bleu naissant du ciel se complique de trois nuages,
habite la lucarne dans le silence d'avant les oiseaux ,
repose les prunelles des rudesses assourdissants et salées .
Je m'endors souvent quand le soleil commence à mordre la nuit .
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Sur le dos du vert endormi
le sureau pleut le blanc de ses ombelles
en épaules diaphanes,
ailes flottantes au ciel pas encore allumé
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Il faudrait que j'aime mes mains
Qui voudraient tellement diriger et qui se figent
Dès que le chemin se fraie, se pense, s'oublie, et finit par se taire.
Le vrai de mes mains dans la terre qui marche si bien sans moi.
Je ne sais la dompter, je ne peux qu'attenter un peu à ses virages
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La bible numérique et ses relents de pomme entamée
Le doigt en l'air juste avant de s'abattre sur le clavier servile
Loin derrière les sagesses élégantes d'Aristote et Raphaël
D'une question je serai toujours l'esclave
Comment? Ou alors pourquoi ?commet-on l'aujourd'hui si pusillanime ? si veule ? si sale ? Le mot court se barricade contre l'humain au groin maladroit
Au ricanement pauvre , à la besace ringarde, à la violence assumée,
A l'abandon salutaire oublié
et à la cloche qui ne sauve plus .
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Le vent sabre le silence,
Etrangle le brame du ciel aux chevilles du matin bouffon
La lumière joue des coudes dans la désolation des bruines prosaïques
Tout autour , des oiseaux qui oublient le gris en vertu bancale du devoir génétique
Je brave le rictus désolé du non sens et je grince dedans tout en velours de roses débauches d'avant le bleu sali , ringard et prétentieux
Le jour se lève sale et lourd de pépiements déraillés
Dépoussière ses tabliers fatigués
Et rame et traîne ses ternes heures à l'aveugle et au sourd établi de ses bricolages fictifs
Au terme de la nuit, il sabote la grâce, piétine les airs , détresse les silences fragiles et esssentiels
A la lisière des matins mangeurs de sommeil je ris si lourd que la mâchoire sue de douleur
Je te tourne le dos, jour d'oiseaux
Même si, le giron de la nuit, je le sais hostile
Que faire encore de ce jeu de jour qui s'annonce aussi vide que ce hier où je suis encore engluée ?
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Je consigne chaque coup du noir inévitable
Sourd à la nuit non-née
Chaque couche abattue avec la haine du repos ,
Du coin de l'œil je guette quand le bleu va exploser la quiétude de la fenêtre
Couperin peut-être aidera
Les barricades à céder un brin à la vie
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Le temps modelé par ces raisons autres
Que l' innocence avare de mots
Le cerveau avachi en fortunes tempêtées, pendues aux tempes élastiques de la mémoire
Je trie nouvelles et poubelles habitant sans armistices jours et nuits de troubles errances,
Temps dociles acquiesçants à leurs torts inhérents
Un peu avant le soleil visitant les brancards du levant
Le froid douloureux jusqu'aux dents
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Chercher dans les méandres dorés
L'insoluble erreur de sens
Le bleu guérisseur de hoquet et autres excavations sereines
Une paire de baskets à la mode
Et l'enfant innocent qui succombe au désir homérique du déjeuner parfait
Je hoquette comme une poule affolée et ne sait pas comment m'arrêter de non-rire
Le vie censée être drôle
Se casse par courbe de chauffe inadéquate
Le grand muscle du rire en panne
Ne reste plus que l'horreur salée du matin mi-né
Du temps retors sans excuse quantique
Ni autre vers laborieux
Parole saoulante de baroqueux germain que je noierais bien au fond d'une extase vénitienne ou autre velours saint-germinois si beau dans son émotion contenue
Il y a, cette fin de nuit, un hoquet interminable comme un doute sanglant de ne pas savoir offrir le matin aux aimés...
Aux abords du sommeil famélique,
L’ossature des rêves gagnée aux silences arc-boutés entre mal et pis.
Les oiseaux à peine éveillés ne savent pas combler le vide continu, ne rigolent pas avec la vie , simple question dissoute sans mots ni langue fournie.
La peau désabusée cloche sans retours et je vous aime toujours autant
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La couche de mots entre Narcisse et vérité est un peu plus ténue
Quand la lune tout haut désigne son chemin aux lumières volées
Là bas , hors d'yeux avides, les lois secrètes se délient enfin
Ci bas, on loue la grâce qui parfois ouvre sa bure et on perçoit l'épiphanie fugace, sitôt par pudeur revoilée
La lumière hors d’atteinte
Il est donc là , le soupir capital
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Je remercie Dieu
(Même si je sens que ses bras sont trop larges pour qu'il m'embrasse )
Pour ce matin impur, inéluctable
Et le sourire en coin je continue toujours sans y croire.
La nécessité du devoir faux mais utile
Fait que la lumière me supportera
Un jour de plus, même sans nuit d'absolution et vagabonde
Le bruit des gris de nuit fécondent les mots chancelants.
Sans fautes, les oiseaux savent habiter les interstices étonnants des espaces
Et me rappeler à la modestie de mes mots éclopés
La fin se fait lourde en ce matin spermé de lumière laiteuse
Les éclats se rient encore de mon ignorance que jamais je ne saurai grimer .
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J'attends que la nuit panse les silences
Qu'elle polisse le jour et emmure ce qui grince
Que la mémoire flanchée dirige les éclats blancs désolés
Au seuil des dents ouvertes
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Je ferme la fenêtre pour guetter du silence et panser les trilles neuronaux
Minutes de minuit à heures du crépuscule, les temps féroces se ressemblent et languissent au suicide heureux
Ooooh, rythme de sages syllabes de langues ancestrales, langue fourchue échouée court aux ports gris des gorges sourdes
Retour amputé aux notes aléatoires, preu langage jacté aux coins pulsés , sans élégance mais à l'impact flagrant
Je ris hystérique quand les mots par jeu s'ancrent en vérités incontournables
Quand le matin écrase en bulldozer la délicatesse des fines nuits si richement bruissantes
En papiers fragiles et calques déchirés au froid patent
Je cours aveugle tout le long du jour et désire le froid muet, glaçant, du soir à l'aube bleui .
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Le soleil a retiré tous ses morceaux
De tous les pores du mur.
Le respir du soir s'allège
Et le temps n'a de cesse de creuser les grimaces.
Capilotade de tête perdue et pensées fractales .
Le mal du bien et autres biens du mal
Chapeautent hilarants les boues archétypales
Ni homme ni boue, raison pendue sans procès .
Dieu sourd-muet comme au premier jour
Ou dernier ?
Ici, le mal s'affiche transparent
Et l'âme est blessée au plus profond
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Je regarde d'une oreille toutes ces gouttes qui se cognent aux quincailleries enserrant la maison
Le cerveau en fouille et verte joie
Des boules de paroles sans translation
Encore les oiseaux jetant leurs trilles dans les mares d'air autour
Encore la pluie morne débarbouillant les murs et les carcasses
Encore les peaux déchirées du matin résigné en coin
Enfin le jour en majesté floue et mélanges humbles
Quand le silence furtif se couche sur le levant, les yeux écoutent le gris du ciel
Et l'iris se rétracte pudiquement pour couvrir la nuit de coquilles du rêve
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Visages qui suent le désarroi
Sépulcres en puissance
De fayoums fanés
Court matin en attente
Nuit fatiguée
Et relents de raison
Zygomatiques en boule .
L'attente du mot de grâce,
Pas toujours celui qu'on attend.
Musique accordée au pas vivant
Rancune contre la mort couarde.
Me réveiller dans un champ,
Entendre les coquelicots rougir,
L'herbe rire de mes déchéances de nuit.
Pluie enfin.
De couches de boues en verts accidentés
L'immonde gras du jour
Intime son nom
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Détrangler les mots
Et la gorge lexivore
Déployer l'imposture
Et ses rires faméliques
Habiter la nuit comme le temps d'une chambre à l'air exorbité
Laisser les heures découper
Les sommités fleuries des rêves déménagés sous d'autres froncements gris.
Les vents par la fenêtre inventés.
Les mots de la rue balbutiante
Toujours ainsi surpris.
La colère se ronge d'hommes en dents grincées
Quelle issue à l'âme aveugle et sèche ?
Quelle violence propre sur soi
Va éructer sur l'autre son pus nauséabond ?
Quelle indicible vérité nous voue à la hache de la haine?
Le verbe en faîte ne se sait plus
Juste ,
Juste une figure de verbe perdu .
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La vie écrête le temps
Et on se retrouve dans la même coquille d'enfant perdu qu'on a toujours été
La vérité du blanc sans répit, de la nuit évanouie sans mot vaillant
Sous les paupières pendues.
Grimace insensible sur clous rouillés .
En masque ostentatoire ,
On répète le jour anonyme
Qu'on espère commun ;
On répète l'oubli , la mélasse
La boue basse qui noircit le soir mince entre jour sans fin et nuit sans début, fin annoncée , sourire de lèvres plissées, inutile et sauveur.
Une fois le corps punaisé en portraits abscons, on peut délirer un peu sur la vie
In/utile mi/mi
Le corps lent ligoté aux respirs et autres devoirs in/utiles
Aux sarcasmes de la langue péremptoire mais pas aussi vrais que les silences de nuit lourds,
Maternés en giron sourd et au sourire avare.
Point , signe d'orthographe certain qui force la tête à arrêter ses errances.
Point sans obligation de ligne, point rond repu de mots et jamais prêt à assumer sa fin intrinsèque.
*****
Du coin d'un oeil transparent
Je regarde fondre l'épaisseur de la nuit
Le vent mord encore le silence des tuiles
Au bout de son souffle, des musiques s'empilent
Sans effet de mémoire
La gorge contrite aux muscles aguerris grince sans silences
Le whisky descend jusqu'aux semelles de chacune de mes cellules
Pour donner un peu de fatigue au chaos
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Le tonnerre dérape soudain
Le long de la nuit vide
En un éclat cocu , le matin en puissance.
Toujours un mot à écrire à travers les troubles des peaux perdues
A travers les vies éventées au ralenti lourd.
L'insulte ne sépare pas de la mort retrouvée, toutes griffes dehors
Sorcières en beauté .
Je voulais aimer, mais le gâteau était vraiment à la cerise pourrie
Festin diplômé à la pomme survoltée, ricanements ridés
Et on ne sait pas ce que ça fait;
Je n’ai pas pu me tuer
Et je suis née, les rides de travers
Les rires vierges au grand écart d'orgie vomie.
Le matin gris, peu habillé de bonnes choses , ou vraies choses effacées à moitié sur la route moite
On ne se signe plus main en croix aidant
On se signe au ralenti douleur sincère
"Ma puce, comme c'est joli" mais la splendeur personnelle tend les muscles et les dents
Sans parole qui aide l'aigle enragé
Je vole, rêve fabuleux
Sous les cheveux fatigués , mi-clos
Se rêve une trêve mordue et froide
À chaque fois que je me noie les mensonges crient sur leur balai
Le concept du matin premier prend le large, l'imminence exquise a les dents longues mais fond bien avant de cajoler le mot accumulé
Noir velours et voyage éructé
Symétrie cocasse
La gentillesse, cocarde ringarde qu'on jalouse en silence , tourne autour de moi et se marie pas loin
Mais je la rattrape et lui jure amour et enfer
Brume bienveillante , point érudit.
La fin du carnet , feu follet d'encre et souffre
Le regard endormi dans la masse.
*****
J'aime regarder la peau
Linceul pourri entre soi et le monde
L'imaginer capable d'ensacher un moi en déflagration continue
Gonflée de gratitude à la main bienveillante qui saura l’apaiser au coeur de l'hiver noir,
Ses étoiles éclatées en dedans
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Pouvoir franchir les secondes
Sans que l'angoisse si sourdement les alourdisse
Pouvoir encore avaler la salive
Sans que l’algie tétanise toutes les tripes en une constante déchirure
Fredonner un Vivaldi mystique
En espérant guider ses pas vers quelque part
Ailleurs que dans la douleur
Se dire, une fois encore, qu'au pire
On s'assassinera au matin .
Éternelle question : comment font-ils pour arriver à vivre ?
Après un demi siècle de débats flatteurs et pensées fragiles, nulle réponse ne vient s'accoucher au bord des mots possibles.
*****
Laisser la main,
laisser la main décrotter le papier
De son blanc nauséeux,
laisser la main et l'aimer faire envers et endroits
de peaux et de chairs
Tout en délicatesse et déliquescence, la nausée fraîche
Arracher quelques signes aux silences des errances.
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